De l'école d'Ingénieurs à la direction : le parcours inspirant de Cyril Faget, passionné de maintenance et production

Peux-tu te présenter et revenir sur ton parcours scolaire ?

Je sors d’un bac S.SI (Science de l’Ingénieur). J’ai ensuite fait un DUT Génie Mécanique et Productique à Toulouse. Je m’orientais à l’origine vers des études courtes. Cependant à la découverte de l’alternance et de pouvoir continuer les études en travaillant et gagnant de l’argent m’a intéressé et je me suis donc orienté vers l’ENSAM en tant que PM.
Pendant mon alternance, j’ai changé d’entreprise. J’ai commencé chez Cuvelier, qui est un fabricant, usineur, petite et moyenne série et pièce unitaire pour les donneurs d’ordres de la Région comme le CEA ou ArianeGroup. Je travaillais au bureau d’étude pour dessiner des pièces et les mettre en fabrication. Au milieu de mon alternance, j’ai changé pour aller chez Atlantika qui est un fabricant d’abri de piscine. Je devais mettre en place des logiciels de gestion et de réalisation de plan et un ERP, et faire qu’il y ait une interaction et ainsi avoir une comparaison avec le stock pour faire les commandes. Je devais donc coordonner les sociétés, les aider à paramétrer les logiciels par rapport à nos besoins par exemple, faire en soit de la gestion de projet.

Après la fin de ton alternance, tu as continué chez eux. Peux-tu nous parler de ton
expérience, ton évolution ainsi que de ton activité là-bas ?

J’ai d’abord commencé en tant que bureau d’étude où je dessinais les abris des clients en 3D. J’avais des liens avec des sociétés extérieures, des bureaux d’études extérieurs pour le développement de nouveaux produits, des liens avec la mairie et les administrations pour tout ce qui était permis de construire et des liens avec les clients. Je faisais ensuite les différents approvisionnements des commandes. J’allais aussi contrôler les côtes sur chantier pour vérifier si ce qu’on allait fabriquer pouvait s’intégrer chez le client.
Très vite est venu se greffer la casquette de responsable de production de notre site. J’avais maintenant une équipe d’une dizaine de personnes à manager, donc gestion de planning avec les congés, les tâches, les aléas, les conflits, le recrutement. Un peu de tout en soit.

Tu es ensuite parti chez Saft en tant que responsable de production de nuit, qu’est-ce qui a changé par rapport à ton précédent poste ?

Ici, j’avais beaucoup de management. Je suis arrivé dans une usine de nuit où il n’y avait pas de responsable et je devais gérer des équipes d’une cinquantaine de personnes avec des profils et des mentalités différentes. Etant seul, j’étais le relais avec tous les services de la journée comme la qualité, la sécurité ou l’environnement. J’ai dû gérer mes premières situations conflictuelles, de grèves, les droits de retrait ou ce qui peux concerner le droit du travail et la
légalité. Ce poste m’a énormément formé sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

Pourquoi, après trois ans, avoir changé d’entreprise et de ‘’secteur’’, en passant de la production à la maintenance ?

Au bout des trois ans, j’ai demandé à passer en horaire de jour mais je n’ai pas réussi à avoir un poste. Au bout d’un moment, le corps commençait aussi à dire stop. De plus, en même temps que responsable de production, j’aidais de façon indirecte le côté maintenance à prioriser les tâches ou le préventif la nuit par rapport aux pannes par exemple et j’allais aussi aider les techniciens. C’est cette partie-là qui m’a plus et qui m’a fait me réorienter de la production vers la maintenance.

Je suis rentré en tant que responsable maintenance à Gascogne Bois sur le site de Castets, qui est une scierie. Je suis rentré sur un site très bon techniquement mais qui était géré à l’ancienne, on gérait juste les pannes. J’avais donc toutes la partie maintenance à faire comme mettre en place l’amélioration continue, le préventif, des gammes, la création d’une GMAO sous Excel. Je partais de zéro. En fait, on avait un service dépannage et j’ai créé un service maintenance. J’ai mis
en place du reporting, des données d’entrées et de sorties pour la communication à la hiérarchie ou pour de l’amélioration qui permettait de faire aussi des demandes d’enveloppe. J’avais aussi une partie managériale mais c’était presque la partie la plus simple car les équipes étaient très investies et voulaient aussi ce changement. Il y a quand même eu une grande partie discussion, présentation et explication de ce que je voulais faire.

Comme tu as indiqué ta préférence pour la maintenance, pourquoi être revenu dans la production après deux ans ?

En fait, j’ai été promu en tant que responsable de production sur la plus grosse scierie du massif Landais.
Ce poste avait besoin de beaucoup de management. J’ai dû m’occuper en premier de la création de lien dans le service et aussi entre service dont celui avec la maintenance où la communication était rompue. A la suite, j’ai été accompagné pour la mise en place d’amélioration continue dans mon service comme le Top 5, Top 20, Gemba, SMED et pas mal d’autres outils. En soit tout ce que l’on apprit à l’école. J’ai dû ensuite faire ré-évoluer mon personnel, environ soixante personnes.
Le travail qu’ils effectuaient ne correspondait pas à leurs compétences et à ce pourquoi ils étaient là. Par exemple, je réalisais le travail d’un chef d’atelier, le chef d’atelier effectuait le travail d’un opérateur et ainsi de suite. Il fallait remettre tout le monde à sa place.
En plus, j’avais aussi toutes les parties annexes comme la santé, la sécurité par exemple. C’était d’inculquer les règles de fonctionnement et de sécurité pour ensuite mettre du liant dans mon périmètre. Je gérais plusieurs ateliers, certains étaient clients d’autres, mais aucun flux n’était lié, chacun travaillait en totale autonomie et en autarcie. J’ai dû créer des outils d’échanges, de communication ou créer des rituels pour pouvoir améliorer la communication entre les services.

Tu as de nouveau changé pour continuer ton évolution, tu es revenu dans un poste de responsable de maintenance avec aussi travaux neufs et environnement. Mais cette fois tu as rajouté la casquette Direction à ton panel, peux-tu nous en dire plus ?

Je voulais gagner en responsabilité. Cette multi-casquette en étant membre du comité de direction du site m’apporte quelque chose de vraiment nouveau. J’ai une prise de décision, je dois créer la vision du site sur plusieurs années et essayer de donner un cap à suivre avec mon directeur. J’ai aussi la gestion de mon budget. Je suis 100% gestionnaire de mon budget, il n’y a personne au-dessus de moi qui doit valider mes commandes. Je propose aussi des investissements, et si elles sont validées je gère seul le budget. Evidemment, je pilote aussi mon service avec des indicateurs comme la GMAO et la gestion des chantiers, j’ai quand même des
personnes qui m’aident.

Actuellement, c’est donc l’aboutissement de tout ce que tu as pu faire depuis le début en bureau d’études. Mais alors, comment tu verrais ton avenir ?

Aujourd’hui, ce poste-là est complet, très intéressant et en lien avec tout ce que j’ai pu faire avant avec la production et la maintenance et qui m’aide à connaître les priorités de mon client.
A l’avenir j’aimerais continuer d’évoluer, pas forcément de suite car j’ai encore des choses à apprendre mais à terme l’objectif serai de prendre la direction d’un site.

Revenons un peu en arrière, à l’époque de tes études, est-ce que tu te projetais avec cette évolution ?

Quand j’ai commencé le DUT, je pensais être pépère dans un bureau à dessiner des pièces et faire des calculs de dimensionnements. Après, quand j’ai commencé l’école d’ingénieur, je t’avoue que pour moi ce n’était pas clair toutes les possibilités qu’on avait avec ce diplôme. C’est un diplôme à la fois complet et varié. J’avais commencé dans un bureau d’étude donc j’ai simplement suivi ce chemin au début. Ce sont les opportunités après qui m’ont fait évoluer. Après j’ai toujours aimé avoir cette partie curiosité et de responsabilité.

Après 10 ans, qu’as-tu pu retenir de la formation ? Que pourrais-tu conseiller aux actuelles PM ?

Quand je suis sortie de l’école, ce que j’ai retenu c’est que j’avais déjà un bagage professionnel et ça, c’était vraiment cool. J’avais déjà un pied dans le monde du travail. J’avais eu cette chance d’avoir cette expérience. Tu n’arrives pas comme les formations continues avec une idée préconçue du travail qui n’est pas forcément la bonne. Avec mon recul, je n’ai aucun regret et au contraire, je suis très satisfait de l’avoir fait avec ce parcours.
Ce que je pourrais conseiller au PM, c’est d’entretenir, de mettre à jour et de garder un réseau